dimanche 3 juin 2012

Pas de pitié pour ces gueux, paresseux, profiteurs, chômeurs!




Dégressivité des chômeurs, pourquoi c’est inacceptable et profondément injuste !


Les trois syndicats, en front commun, ont réaffirmé leur opposition à toute dégressivité des allocations de chômage (mollement). Le front commun rappelle, en outre, qu’une étude de l’ONEM montre que les sanctions engendrent principalement une augmentation des personnes émargeant au CPAS…

L’argument évoqué pour justifier la dégressivité est le suivant :

« La diminution de revenu vise à pousser le chômeur à trouver du travail »

Alors que la Belgique compte près de 715.098 chômeurs selon le dernier rapport annuel 2011 de l’ONEM, la création de l’emploi est, elle, estimée par l’ONEM dans son rapport 2011 à 46.000 ! Si on veut plus de détails, on se rend compte que près d’1/5 de ces emplois créés sont … en titre-services (femmes d’ouvrage, repassage) largement subsidiés par les pouvoirs publics …

Il ne faut pas être extrêmement diplômé pour avoir compris qu’avec ce niveau-là de création annuelle nette d’emplois, on ne risque pas, demain, d’avoir un emploi offert à chaque chômeur belge.

A y regarder de plus près, on découvre ainsi l’indigence des offres d’emploi disponibles en regard du nombre de chercheurs d’emploi, déjà harcelés administrativement et sanctionnés par le contrôle de la disponibilité, un autre outil de conditionnement du travailleur privé de salaire à se sentir seul et unique responsable de son absence de contrat de travail rémunéré, voire incompétent à chercher et trouver un emploi.

Fin février 2012, la Wallonie dénombre 196 659 demandeurs d’emploi au chômage et 20 764 jeunes en stage d’insertion, soit 217 423 personnes, ce qui représente 14 % de la population active. En février 2012, le Forem a géré 12 457 offres d’emploi et relayé quelques 8 549 offres reçues du VDAB (région flamande) et 514 d’Actiris (Bruxelles).

Sur notre arrondissement de Verviers, le Forem comptabilise 13.803 demandeurs d'emploi en mars 2012 alors qu’il gère une offre de seulement 765 postes vacants, soit 18 chômeurs par emploi vacant.

Pourquoi, dès lors, continuer de prétendre que le chômeur n’est pas suffisamment incité à trouver un emploi qu’à l’évidence, le sacro-saint « marché » n’a pas daigné créer pour lui ? Pourquoi ne pas plutôt se tourner vers les pourvoyeurs d’emploi et leur demander de s’expliquer sur cette pénurie chronique d’emplois dans notre pays, pourtant doté d’une réputation internationale très enviable de « paradis fiscal » ?

Peut-être ceci expliquerait-il cela ? Là où la croissance des dividendes rémunérés aux actionnaires crée l’admiration, la création d’emplois reste, elle, en berne. Les capitalistes ne viennent pas en Belgique pour créer massivement de l’emploi mais bien pour maximiser les profits pour leurs actionnaires.

De gauche à droite: Laurent
Cordonnier, Jean-Louis Péters
Tenir le discours du profiteur à l’égard du chômeur est une énorme escroquerie intellectuelle qui sert d’autres dessins. C'est d'ailleurs démontré, non sans humour, dans un petit livre court "Pas de pitié pour les gueux" dans la collection Raisons d'Agir par un économiste français, Laurent Cordonnier, que la FGTB Verviers invitait le 31 mai dernier à son 4ème Festival de Résistance. Regardez-le devant la camera de Télévesdre, ça décoiffe.Ou alternativement écoutez-le via le podcast  de la conférence qu'il a donné le 31 mai 2012 dans le cadre du 4ème Festival de Résistance.
Il ne mâche pas ses mots, Laurent Cordonnier: "Partir à la cueillette aux champignons ne les fait pas pousser plus vite". De même,"Activer les chômeurs à chercher, ardemment, un emploi ne créée pas d'emploi". 
Blâmer les chômeurs sert aussi à détourner la colère , - qui devrait légitimement se focaliser sur les politiciens incompétents à créer des emplois en suffisance -, vers les plus faibles, les chômeurs, victimes de cette absence cruelle d'emplois.


C’est donc une gifle magistrale à la face du peuple que d’organiser l’indigence du chômeur en diminuant des revenus déjà sous le seuil de pauvreté, on assure ainsi une rente encore supérieure aux actionnaires qui vont pouvoir baisser le prix du travail. Et ainsi la misère s’étendra telle la peste ou le choléra. Nous la voyons chaque jour grossir et nous nous battons pour que cela ne soit pas.

Le sort réservé aux chômeurs en dit long sur le projet de société qu’a choisi le gouvernement Di Rupo 1er, l’extinction d’un Etat protecteur, qui garantit à tout belge de «mener une vie conforme à la dignité», un droit inscrit dans la Constitution belge de concert avec les droits économiques et sociaux en son article 23. La réforme de l’Etat, qui asphyxiera budgétairement, comme par hasard, les régions francophones du pays, achèvera de tuer ce qui cimente réellement une nation et l’Etat de droit. Avec la fin de droit programmée pour les jeunes admis sur base des études en allocation d’insertion, on a tué l’avenir de nos enfants, qui n’auront pour seules perspectives que le CPAS ou la rue, en plus d’avoir dégraissé massivement les sans emploi déjà aux abois.

Et avec cela, 0 emploi créé ! Rien. Nada. Les patrons fraudeurs sociaux se frottent les mains ; il n’y a plus désormais qu’à se baisser pour trouver de la main-d’œuvre illégale en quantité industrielle, locale, pas besoin de recourir à l’importation …

Un Etat qui ne protège ni de la misère, ni n’offre d’avenir à sa jeunesse a-t-il encore un avenir ou se met-il lui-même la corde autour du cou pour se pendre ?

Pour la FGTB Verviers et Communauté germanophone, le combat contre ces mesures iniques et le projet sociétal qu’elles traduisent, continue !

Prochaine action Travailleurs Sans Emploi (TSE) "Réforme du chômage: Tous à la soupe populaire" en plein coeur du centre commerçant de Verviers le 25 juin 2012 à partir de 12h.

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