La FGTB Verviers et Communauté germanophone a voulu au
travers de la saga Cordenons interpeller le législateur afin qu’il se penche
sur un certain nombre de vides juridiques qui ont précipités, en toute
légalité, la faillite d’une entreprise malmédienne dans la filière du papier,
détenue par Gruppo Cordenons, un groupe italien.
Daniel Richard, Secrétaire Interprofessionnel de la FGTB Verviers : « L’actualité nous donne, hélàs, raison, en ce moment même des travailleurs occupent leur entreprise, GDB International à Strépy, parce que là aussi la stratégie du groupe semble avoir créé les conditions de la faillite ».
Concernant la faillite de Cordenons, les éléments dont
disposent aujourd’hui, trois ans quasi jour pour jour après la faillite (le
23/04/2009), la FGTB Verviers et sa délégation syndicale toujours très active,
se résument ainsi :
La stratégie de Gruppo Cordenons apparaît clairement a posteriori.
En effet, après la rachat en Italie du groupe Favini, concurrent direct de la
production malmédienne de papier, les évènements se sont enchaînés pour
conduire à la liquidation de l’entreprise du site de Malmedy au profit de
l’Italie. Cordenons n’a pas lui subi la faillite car cela l’aurait fragilisé,
la FGTB Verviers soupçonne que c’est à Bob Roche que cette tâche a, en quelque
sorte, été transférée. En effet, officiellement Cordenons a donc opté pour la
liquidation de l’entreprise puis changé de stratégie et choisi, option bien
plus intéressante financièrement pour le groupe, le transfert des parts de la
société à un prétendu repreneur, Bob Roche au prix d’1€ symbolique.
Le repreneur, évalué au départ comme peu crédible, est tout
à coup devenu le sauveur providentiel du site de Malmedy via un véritable tour
de passe-passe, tout à fait légal, qui a permis, cerise sur le gâteau, à Gruppo
Cordenons d’échapper au paiement d’un plan social et toutes les conséquences
financières d’une liquidation.
Comme l’illustre notre portrait d’un « serial
repreneur », Bob Roche est au moins un escroc, au pire, un mercenaire payé
par les groupes propriétaires pour prendre à son compte la faillite des
entreprises qu’il prétend sauver.
Christian Jacquemin, Président de la FGTB verviers et Communauté germanophone : « Ce qui est interpellant, c’est qu’un groupe italien ait pu, en toute impunité et légalement, en pleine liquidation d’entreprise, opérer une cession des parts de l’entreprise malmédienne pour 1 € symbolique à un repreneur canadien, Bob Roche, un « serial repreneur » dont nous avons retracé le parcours européen et qui s’est spécialisé en rachat suivi d’abandon avec faillite d’entreprises en difficulté du secteur du papier ».
La FGTB Verviers et Communauté germanophone réclame donc au
législateur de revoir la procédure Renault, de ne pas permettre le transfert de
part d’une entreprise à une autre sans une co-responsabilité du groupe
propriétaire en cas de faillite, et surtout que la transparence soit de rigueur
vis-à-vis de la délégation syndicale, seule à veiller aux intérêts des
travailleurs, les seuls grands perdants avec la Sogepa qui avait investi 3
millions dans l’entreprise.
Même si les travailleurs lésés peuvent se constituer partie
civile, il n’y aucune transparence au niveau de l’accès au dossier complet dont
dispose le Tribunal de commerce et le curateur quand ils négocient et évaluent
les dossiers des repreneurs. C’est ainsi que, sans autre information, Bob Roche
présenté comme un repreneur peu crédible s’est transformé en repreneur
providentiel …
Afin que cela ne puisse plus se reproduire à l’avenir, la
FGTB Verviers et Communauté germanophone, lance une série d’interpellations
politiques afin d’empêcher qu’il soit légal de mettre en faillite une
entreprise concurrentielle et profitable. Il en va de l’avenir de
l’arrondissement et plus généralement de l’industrialisation de la Wallonie,
qui, dit-on, n’a que dix ans pour s’en sortir. Il est clair que le
« business as usual » ne doit pas prévaloir ici mais bien une
politique proactive en vue de créer les conditions d’un redéploiement
économique durable dans la région.
Ci-joint, l’historique de l’entreprise et le portrait du
« serial repreneur » Bob Roche.