mercredi 2 mai 2012

Christian Jacquemin: discours du 1er mai

Verviers, Parc de l’Harmonie, 1er mai 2012.

Camarades,

C’est toujours avec un immense plaisir que nous nous retrouvons pour célébrer la fête du travail, ici, au parc de l’Harmonie, endroit symbolique puisqu’il fut jadis un des hauts-lieux de la bourgeoisie verviétoise.

C’est le jour où nous  avons l’occasion de nous  rassembler.

C’est le jour où nous pouvons exprimer notre fraternité autour d’un verre ou deux. C’est avant tout le jour où la convivialité et l’esprit de camaraderie doivent régner en maître.

Je sais combien chacun d’entre vous souhaite commencer à festoyer au plus vite, moi aussi d’ailleurs, mais un 1er mai à Verviers sans une prise de parole d’un syndicaliste socialiste, ça ne serait pas un vrai  1er mai.

Alors permettez-moi de vous demander quelques minutes d’attention, je vous promets d’essayer de ne pas être trop long.

Camarades, ce jour revêt pour moi un caractère particulier.


D’abord parce que c’est mon premier discours en temps que Président de la FGTB Verviers et Communauté germanophone, ensuite parce qu’il intervient à seulement 6 jours du début des élections sociales, moment ô combien important pour nos militants et pour la démocratie sociale.

Mais avant toutes choses, je voudrais vous faire part d’un sentiment particulier. En préparant cette prise de parole, j’ai re-parcouru l’histoire du 1er Mai.

L’aspect convivial et festif de cette journée ne doit pas nous faire oublier qu’il commémore une lutte et un combat sanglant. Oui, le mot est fort, il choque ! Il dénote peut-être mais il est important de nous souvenir pour ne pas oublier d’où l’on vient et qui nous sommes.

La 2ième Internationale a fait du 1er mai une journée de grève annuelle avec, pour objectif, l’obtention de la journée des huit heures, et cela en souvenir de manifestations monstres aux Etats-Unis ayant provoqué la mort de nombreux militants syndicaux. Ce jour férié commémore donc bien les luttes de nos aïeux.

Alors vous comprendrez pourquoi mon sang ne fait qu’un tour lorsque j’apprends que la droite et l’extrême droite française s’approprient notre 1er mai. Je suis profondément écœuré quand je vois les libéraux wallons paradant à Jodoigne et récupérant de manière honteuse notre symbole des luttes passées.

Ils foulent aux pieds et sans aucun scrupule la mémoire de nos camarades morts en combattant et nous narguent avec  leur pensée unique et l’arrogance du monde capitaliste.

« Autres temps », « combats d’une autre époque », voire « folklore », voilà ce que nos adversaires nous assènent lorsque nous évoquons ces luttes.

Depuis maintenant plus de trente ans, le rouleau compresseur de l’ultra libéralisme nous fait croire à un monde où la lutte des classes n’est plus d’actualité, où les conquêtes sociales doivent être remises en question. Elles seraient un frein à la compétitivité de nos chères entreprises. Ils disent pourtant bien le contraire dans leurs brochures lorsqu‘ils y vantent le paradis fiscal qu’est la Belgique.

Mais camarades, la longue liste des attaques à l’encontre de notre système social, issu de l’après-guerre, est terrifiante : Hiver 60, loi unique, plan global, pacte des générations…

Et maintenant que la bête est touchée sur ses propres fondations, on voit le passage en force du gouvernement en affaire courante suite à l’absence d’accord interprofessionnel.

Dernière en date, les mesures d’austérité menées par notre merveilleux nouveau gouvernement papillon. Il parait que c’est pour notre bien. Aujourd’hui, toutes les attaques portent à nouveau sur notre système d’indexation. Combien de temps les socialistes au gouvernement vont-ils y résister ? Est-ce un leurre pour faire passer d’autres saloperies ? Rien n’est moins sûr ! Ce qui est certain par contre, c’est que nous pouvons déjà nous préparer à devoir nous battre à nouveau. Qu’ils ouvrent bien leurs oreilles. Nous ne les laisserons pas faire car, camarades, « nous sommes le dernier vrai rempart des forces de gauche de Wallonie ».

Plutôt que des mesures d’austérité, La FGTB demandait un vrai plan de relance. Ils se décident enfin à en développer un, mais avec quels moyens ? Il ne faut pas avoir fait l’université pour savoir qu’un plan de relance nécessite des investissements et des dépenses ! Pourtant, depuis des mois, ils ne nous parlent que de rigueur budgétaire. Austérité, voilà leur réponse bête, simpliste et inefficace à une crise que nous, les travailleurs, nous n’avons pas déclenchée mais que l’on veut nous faire payer très chère !

L’austérité pour contenter les « bébés Goldman and Sachs », qui sont maintenant plus que jamais à la barre des états et d’une Europe dévoyée en oubliant complètement les enjeux sociaux et environnementaux futurs. Ne soyons pas naïfs ! Toutes les mesures prises par cette Europe technocratique sont pensées, réfléchies et mises en place pour protéger leur sacro-saint Marché. D’un décret  à l’autre, d’une recommandation à une autre, la machine Europe s’emballe et elle frappe durement. Ce qui se prépare est un vrai drame social européen.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la Grèce.Véritable laboratoire de la puissance du capital.

Ce peuple est à genoux, ce peuple se meurt ! Sa jeunesse est perdue et l’enjeu est limpide. Combien de temps un peuple peut-il supporter un tel écrasement ? Jusqu’où des mesures injustes et inefficaces peuvent-elles être imposées ?

Camarades, aujourd’hui NOUS SOMMES TOUS GRECS et demain, nous serons aussi Espagnols!!!

Nous nous devons d’être solidaires de leurs combats car si la bête triomphe là-bas, nous serons, ici aussi, à sa merci !!!!

On en a marre que soient remis en question nos acquis.

Marre que cette machine infernale nous pousse dans nos derniers retranchement !

Non seulement les attaques pleuvent mais en plus ils veulent changer les règles du jeu.

Camarades, ils foulent du pied notre modèle de concertation sociale, obtenue de hautes luttes

Plus de concertation, ils passent en force. Voyez par exemple ce qu’ils ont fait des systèmes de prépensions !

    On signe des accords dans des entreprises, ils renient leur signature d’un simple geste, voyez à la beurrerie Corman !
  •     Ils licencient des délégués sans aucune concertation, voyez chez ISSOL
  •     Ils virent de futurs candidats aux élections sociales, voyez Dethier !
  •     Ils délocalisent et les travailleurs se défendent. No Problem ou plutôt  « Keine Probleme ». Ils mandatent alors des barbouzes, des milices privées venant d’un autre monde comme chez Meister à Sprimont.

L’emploi d’une milice privée n’est qu’une partie du problème. Nous aurions pu nous en charger nous-même. Mais le bouquet final, c’est quand on leur permet de rentrer chez eux, sans contrainte, sans prise d’identité, sans être inquiétés par la police, pourtant bien présente sur les lieux.

Pour couronner le tout, c’est ce moment que choisissent les fédérations patronales pour nous assimiler à ces milices en disant de nous que  nous sommes, nous, des terroristes parce qu’un malheureux directeur a été retenu 24 minutes 37 secondes par les travailleurs dans l’espoir d’obtenir des réponses sur leur avenir dans cette entreprise, qu’on délocalise morceau par morceau.

Sérieusement, messieurs les représentants des fédérations patronales, faites bien attention car nous pourrions vous prendre au mot.

ELECTIONS COMMUNALES

Camarades, au mois d’octobre cette année, auront lieu les élections communales. Celles-ci sont souvent considérées comme un scrutin de seconde zone. Pourtant, nous devons y prêter une grande attention car fleurissent dans plusieurs communes des listes dites d’intérêts communaux. Ces listes sont souvent présentées comme pluralistes, parfois même, et c’est le comble, comme apolitiques.

Prudence camarades, car derrière ces listes se cachent souvent des femmes et des hommes qui, sans se revendiquer d’un parti ou d’un courant de pensée, ont des idées et des objectifs précis, que nous ne partageons pas ! Les votes-sanctions sont souvent très dangereux. Mais il est vrai que les travailleurs sont perdus, ils ne se retrouvent plus dans les programmes et les comportements des partis traditionnels, ils se laissent donc parfois berner par des discours populistes et mensongers sans se rendre compte des risques et des conséquences. Tout profit pour l’extrême droite comme ça a été le cas en France.

Alors, il me faut dire à nos amis ou Camarades du Parti Socialiste - j’avoue ne plus trop savoir comment les appeler ces derniers temps -, je voudrais juste leur rappeler : ce qui compte, ce sont les électeurs et pas l’élu. Le discours du « Sans nous, cela serait pire » , oui, sans doute que ce serait pire mais nous, ce que nous attendons, c’est qu’avec vous, ce soit MIEUX.

Où sont vos vraies propositions de gauche ? Redevenez donc un parti de rupture ! Réveillez-vous Camarades, il n’est pas trop tard !

Nous sommes conscients que le combat politique est impitoyable et que faire des concessions est obligatoire. Nous le vivons tous les jours dans les entreprises.

Mais à présent, la ligne de rupture est atteinte. N’oubliez pas qui vous a élu ! N’oubliez pas que nos  militants sont souvent les vôtres et qu’ils sont surtout votre base électorale.

Et à ceux qui me disent que c’est utopique de croire à une autre société, je répondrais « A non peut-être ! Chez nos voisins français, une voix s’est fait entendre, celle du Front de Gauche. Celle de Jean–Luc Mélenchon. Ne boudons pas notre plaisir, c’est pour nous une bouffée d’oxygène, une vraie lueur d’espoir. Il a secoué la classe politique et a poussé ses adversaires à prendre en compte ses projets, ses idées ! En fait,  nos idées, car son programme ressemble trait pour trait aux propositions de la FGTB Wallonne !

Camarades, il existe d’autres solutions, d’autres projets de sociétés. Ne nous laissons pas endormir par la pensée unique ! Ce modèle capitaliste n’est pas naturel. Il n’est pas incontournable. Et le 6 mai, nous serons particulièrement attentifs aux résultats des élections françaises, car c’est peut-être le 6 mai que se jouera l’avenir d’une Europe vraiment sociale et à ce moment là, à nous d’emboiter le pas.

Amis du parti, à bon entendeur………. Vous connaissez la suite.

DEVELOPPEMENT VERVIETOIS

Camarades, ce qui caractérise notre organisation syndicale, et nous devons en être fiers, c’est que sous des dehors râleurs, grognards, obtus, et j’en passe, il y a une caractéristique commune à tous les militants  de la FGTB : L’optimisme.


Soyons honnête, sans cela, pourquoi nous jetterions-nous systématiquement la tête en avant dans des emmerdes improbables ? Pourquoi passerions-nous notre temps à prendre des claques dans la gueule à longueur d’année ? Dans cet état d’esprit « optimiste », la Régionale de Verviers a fait un constat.

Dans l’arrondissement de Verviers, il y en a qui font du pognon. OUI, je vous invite à prendre connaissance des résultats financiers de nos belles entreprises gazelles. Ces entreprises-phares de l’arrondissement mais également de pas mal d’autres.

Il y a du pognon et c’est tant mieux, c’est une preuve qu’il y a des débouchés dans l’activité industrielle, qui peuvent être créateurs d’emplois. Malheureusement, ils encaissent les bénéfices sans investir, sans créer des emplois en prétextant que les salaires handicapent la compétitivité, que la main-d’œuvre est trop chère.

En fait il y a de la production de richesse ! Mais pas de vision future, pas de projet d’avenir.

La FGTB de Verviers et communauté germanophone appelle à l’élaboration d’un plan de développement économique du grand Verviers  pour attirer et non attendre les investisseurs.

Notre arrondissement a un véritable potentiel. L’eau, le bois, le lait, le tourisme.

Nous demandons une vision de développement globale de l’arrondissement. Des lieux où des entrepreneurs de la région se rencontrent, se parlent, pour construire une vision industrielle de Verviers et ses environs, pour développer des projets inter-entreprises en utilisant les connaissances, la recherche, les richesses, les produits et productions. Oui, à Verviers c’est possible et grâce à nous, les choses commencent doucement à bouger.

ELECTIONS SOCIALES

Camarades,  permettez-moi encore une poignée de secondes car je m’en voudrais de clôturer cette prise de parole sans aborder les élections sociales. En effet, à partir du 7 mai, donc dans 6 petits jours, les élections sociales vont commencer dans les entreprises. Je voudrais tout d’abord remercier tous nos candidats, tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont du courage, car il en faut pour se frotter au suffrage universel de leurs collègues. Il vous faut des convictions fortes car notre syndicat est bien plus qu’un syndicat de service.


Il ne s’inscrit pas dans une démarche ne cherchant qu’à adapter le système et  le rendre plus confortable.


Notre ambition n’est  pas de négocier le poids des chaines. Nous devons vraiment changer cette société.


A ceux qui décrient nos délégués, j’ai envie de répondre par ces mots : courage,…. détermination,….. disponibilité, combativité, compétence, mais aussi stress, nuits blanches, responsabilités.


Et, personnellement, mes préférés : Solidarité, Fraternité.

Soyez remerciés de votre engagement camarades, car VOUS êtes la FGTB.

Notre slogan verviétois pour ces élections « Ton avenir, c’est ta voix » est, pour nous, particulièrement pertinent lorsqu’une crise structurelle est en place. Ces élections sociales sont aussi et surtout l’expression démocratique du seul véritable créateur de richesse,  le travailleur.

Vous, candidats FGTB Verviers et Communauté germanophone, portez haut et fort nos valeurs et notre projet de société, imprégnez-vous de notre déclaration de principe, entamez des discussions, des débats, partout. Dans vos entreprises, chez vous, au troquet du coin !

Résister, résister, encore résister et surtout Créer.

Partout, secouez les consciences !

Avec vous, tout deviendra possible !

Alors debout camarades, c’est notre heure. Gagnons ensemble ces élections, pour  qu’enfin,

LA PEUR CHANGE DE CAMP !!!

EXCELLENT 1ER mai à tous.

VIVE LA FGTB !

Merci camarades.

Christian Jacquemin, Président de la FGTB Verviers et Communauté germanophone

Clôture du discours sur L’Internationale

FGTB: Liste 3 aux élections sociales